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408

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CHAMBRE DE TOM
Tom est étendu sur son lit, les bras derrière la tête. L’instant est de courte durée. Sa mère entre dans la pièce.
MERE-Au boulot !

Il quitte son lit et prend le premier carton à ses pieds. Sa chambre est en effet vide d’aménagement. Tout a été rangé dans des boîtes ou mis ça et là.

TOM(voix off)-Une semaine est passée. Depuis cette soirée ratée, personne n’a tenté de recoller les morceaux… enfin personne m’a appelé en fait.
Je ne prends pas la solution de facilité. Encore que… Je n’ai pas envie rester dans cette chambre tout un été. Oh, je fuis un peu les défis de la vie sauvage, une vie rêvée de débauche, de découchage… Je me sens déjà assez seul intérieurement comme ça pour l’être vraiment.

A l’extérieur, le monospace du paternel est coffret et portes ouvertes.
Tom apporte un carton. La voiture est déjà à moitié remplie. On ne s’imagine jamais comment une petite pièce peut contenir autant de choses. Et même inversement, comment une si petite voiture peut aménager une pièce entière.

Tom passe le relais à son père et il se tourne vers la route, ou plutôt le paysage qui s’offre à lui. Une cathédrale, un canal et le mini quai avec des restaurants. Il n’avait jamais fait attention à ce spectacle.

TOM-C’est une jolie vue quand même.
MERE-Oui tu étais bien placé.
TOM-L’extérieur était bien…

La réalité de la vie estudiantine est clairement composée de deux facettes : celle de la chambre réduite et du réchaud près de la télé près du lit près des toilettes, et celle de la ville offerte à toutes ces âmes vives, remplie de possibilités.

CHAMBRE DE CATHY
La jeune fille sort de sa salle de bain. Cathy avait eu un peu de chance de trouver une chambre assez convenable, elle pouvait faire plus de trois pas sans atteindre l’autre mûr. D’ailleurs elle regarde ces mûrs. Certains sont parsemés de photos ou de texte, d’autres sont désespérément vides. Elle s’imagine bien…

CATHY(voix off)-…des choses si j’avais ce boulot… un appart plus grand, une vie meilleure. Ce que je ne sais pas, c’est si c’est ce dont j’ai besoin. Mes envies et mes besoins sont différents. Si j’avançais dans ma vie… pour une fois… de mon propre chef… de moi-même…

Sur sa table, elle voit la lettre reçue la veille, lui reproposant le poste.

FAC DE PSYCHOLOGIE
Le couloir se remplit instantanément de dizaines d’étudiants qui se sentent libérés ou sacrifiés en sortant de ces rattrapages. Parmi eux, Laura sort tout de suite dehors, suivis par les addicts du tabac.
Elle fuit l’endroit avec une vivacité et une hargne qui ne présagent rien de bon.
D’autant plus qu’elle ne semble pas vraiment…

LAURA(voix off)-… motivée à poursuivre là-dedans. J’ai encore le temps de choisir le tiroir dans lequel on va me ranger jusqu’à ma retraite… j’ai envie de voyager… Ces années sont passés tellement vite que j’ai l’impression d’être restée enfermée trop longtemps. Tous les ans c’est le même manège, je me sens mal… J’ai envie de partir loin… et de plus m’arrêter…

CHAMBRE DE TOM
Il descend les marches de l’immeuble, ou plutôt la maison qu’il occupait voilà encore quelques heures. Là sa logeuse ouvre la porte, telle l’issue fatale qu’il ne faut surtout pas franchir sous peine d’être piégé par quelque chose d’énorme.

LOGEUSE-Venez prendre un thé en attendant.

TOM(voix off)-M’man !

Sa mère arrive effectivement.

MERE-Bonjour madame.
LOGEUSE-Allez, venez prendre un thé…
MERE-C’est gentil, merci.

TOM(voix off)-Mon père a de la chance d’être dans la voiture.

 

GARE
Marion attend Doug qui arrive en voiture
MARION-Je vais tenter de négocier quelque chose ce soir… tu veux rester jusqu’à demain ?
DOUG-Tu veux que je reste ?
MARION-Je vais en parler à Elina mais à priori, je vois pas le souci, je la vire et hop…
DOUG-D’accord. Faut que tu me présentes aussi non ?
MARION-Non je préfère pas…
DOUG-Beh pourquoi ?
MARION-Elle est… elle est cinglée.

*

*SoU 408*

L'Apocalypse Selon Tom 16/19

«Cent regrets »

*


APPARTEMENT DE FISH

Mallory petit déjeune quand Lorraine arrive en tshirt très large et chaussettes.

LORRAINE-Salut…
MALLORY—Salut.
LORRAINE-Ca va bien ?
MALLORY-Tu vas pas me faire ça tous les matins non ?
LORRAINE—Oh, t’es de mauvais poils.
MALLORY-Tu sais au moins que je rentre seulement du boulot ? Je bosse de nuit maintenant, je pars à 23 heures ! Quand tu te lèves moi je vais me coucher !
LORRAINE-Ah bon… ok…

Elle n’écoute presque pas et prend son café. Mallory finit sa tasse, se lève brusquement, jette la cuillère dans l’évier et s’adosse au bord du plan de travail.

MALLORY-Le matelas est bien ça va ? J’imagine que tu dors pas dans mon lit bien entendu.
LORRAINE-Beh non, quelle question.
MALLORY-WILL !
LORRAINE-Doucement, oh, il dort encore.
MALLORY-Bien sûr… il glande rien depuis quelques temps, j’avais remarqué. T’as dû remarquer aussi non ?
LORRAINE-Oui, c’est… les vacances quoi.
MALLORY-JE vais te dire une chose. Je t’aime bien, t’es agréable à l’œil, blabla, mais… s’il vous plait… toi et Will… take a room !
LORRAINE-Hein ?
MALLORY-C’est pas que te voir déambuler en culotte me déplait mais j’ai l’habitude de trainer entre mecs et de vivre entre mecs… alors… merde, pensez au pauvre Mallory, ok ?
LORRAINE-Tu deviens zarb’.
MALLORY-Non.
LORRAINE-Depuis que tu te fais plus la blondasse… très sympa d’ailleurs...
MALLORY-Bon… ( il s’énerve) Je sais pas si c’est parce que je suis crevé ou pas mais ça me saoule…

Lorraine le regarde partir. Il croise Will, à peine réveillé. Il s se bousculent.

FISH-Oui et toi ? Eh beh j’ai entendu meugler ?
LORRAINE-Monsieur est frustré.
FISH-Par quoi ou qui ?

Il s’approche d’elle et l’embrasse.

LORRAINE-Il veut pas me voir.
FISH-Hum pourtant… j’aimerai bien qu’ils nous regardent là tout de suite… sur la table.

Il s’approche d’elle, elle est presque assise sur la table, la tasse à la main. Fish glisse sa main le long de sa cuisse nue.

LORRAINE(s’échappant)-Oui mais sans haleine de fennec, s’il te plait.
FISH-C’est charmant.
LORRAINE-Non mais sérieusement… tu crois pas que… un appartement pour nous tout seul, ça serait pas plus mal ?
FISH-Oui, carrément.
LORRAINE-Tu le penses ?
FISH-Oui mais pas tout de suite, tu n’as même pas de travail, moi le mien me saoule, tant qu’on est pas fixe…
LORRAINE-Bien sûr !
FISH-Et sinon on vire Mallory de celui-ci.
LORRAINE-Je veux du changement.
FISH-Alors ce sera un autre !
LORRAINE-Faut pas m’en parler plus sinon je vais vouloir partir demain.
FISH-Commence par cherche un boulot, demain !
LORRAINE(incertaine)-Tu veux pas plutôt terminer les études d’abord ?

 

SALON
Tom a le regard vide, sa mère est en pleine discussion avec son ex-logeuse. Il se demande ce qu’il fait et pourquoi les secondes s’allongent de minute en minute. Une question le sort de son coma, il répond à peine, avec le sourire forcé.
Là, Tom pense que Dieu existe quand la vieille femme dit la phrase magique : « je ne vais pas vous retarder plus longtemps si vous avez de la route. »
Même si ce n’était pas vrai – une heure et demie de voiture – les Whitman se lèvent tout de suite et se dirigent d’un pas motivé vers la porte. Hélas, le temps que madame la logeuse parvienne à pousser sa chaise, ranger sa tasse, ramasser le torchon tombé, et parcourir les quatre mètres jusqu’à la porte, Tom parvient à se remémorer toute son année, les plats qu’il aime, ce qu’il a fait hier soir tout seul devant sa télé…

STATION SERVICE
Doug fait le plein, Marion fouille un peu dans la boite à gants à la recherche de petits choses intéressantes. Elle referme après n’avoir rien trouvé, elle traine son regard vers le coté des portes, là elle trouve quelques papiers dont un attire son attention, elle lui rappelle celui qu’elle avait ramassé chez Elina quand elle avait fait tombé son sac.
Elle fait rapidement le point sur sa découverte, elle attend que Doug revienne.
Quand il referme la porte, Marion n’attend plus.

MARION(montrant le ticket)-Qu’est-ce que tu as été faire là-bas ce soir-là ?
DOUG-Mais enfin c’est là où on a mangé la dernière fois.
MARION-Non, celui-ci date de bien avant.
DOUG-Bah euh.. je sais plus… un diner d’affaire, bah oui la convention là, tu sais pour le boulot ? ON a eu un rendez-vous d’affaire dans ce restau.
MARION-Tu mens.
DOUG-Mais enfin chérie, qu’est-ce qu’il y a ?
MARION-T’es un salaud…
DOUG-Quoi ? Tu parles de qui ?
MARION-Elina… avoue !
DOUG-Qui ?
MARION-Tu as revu cette fille ! Et elle t’a revu…
DOUG-Marion ?

Elle gifle Doug et sort de la voiture immédiatement. Doug la rattrape mais elle se débat.

MARION-Laisse-moi !

 

MAISON
Devant le bâtiment, Tom fait un signe à une voiture. Ces parents viennent de partir.

TOM(Voix off)-Je vais profiter de la ville une dernière fois, flâner, trainer, faire croire que je suis quelqu’un d’important, me sentir unique, comme toujours, comme tout le temps… comme trop souvent. J’ai à peu près 6 heures devant moi pour déterminer quelle sortie sera la plus mémorable.

APAPRTEMENT D’ELINA
CUISINE
La pièce est vide, un mot sur le frigo annonçant l’absence d’Elina fait soupirer Marion. Elle est assise sur une chaise, elle joue avec une cuillère sur la table, à côté un yaourt qu’elle vient sûrement de finir. Son téléphone se manifeste.

MARION(avec une petite voix)-Oui ?
LAURA-Bonjour, c’est pour un sondage.
MARION-Non merci.
LAURA-C’est Laura, c’est Laura, raccroche pas.
MARION-Ah excuse-moi j’ai … j’ai la tête un peu ailleurs.
LAURA-Je te dérange ?
MARION-Non, du tout, ça fait du bien de parler à quelqu’un.
LAURA-Dis-moi tu aurais l’adresse de Tom ?
MARION-Euh… je sais plus trop, j’ai pas le nom exact mais je peux situer.
LAURA-Ok, vas-y.
MARION-Tu te décides enfin ?
LAURA-Pardon ?
MARION-D’aller vers lui.
LAURA-Non, c’est pas ça. Tu sais on en a déjà parlé, c’est affaire classée tout ça…
MARION-Mouais… je dirai Cold Case mais bon…
LAURA-J’ai juste découvert que c’était un mec comme moi !
MARION-Non là tu délires, ça n’a rien à voir.
LAURA-Il est incompris.
MARION-Ma pauvre Laura… Ah tiens la soirée chez Fish, j’ai pas eu de retour ?
LAURA-Je préfère pas en parler.
MARION-Ça s’est mal passé ?
LAURA-Euh… non ça va, simplement, c’était pas si génial quoi.
MARION-Tu as pas conclu avec Thomas !
LAURA-Bon toute façon c’est pas tes oignons, non ?
MARION-Si j’avais dix ans de moins je chanterai « Lau-ra et Tho-mas euh ».
LAURA-Il m’a parlé d’un truc, et je dois le voir pour ça…
MARION-A toi aussi ? Son truc de souvenirs là ?
LAURA-Oui.
MARION-Ma foi…
LAURA-Je sais exactement quoi lui filer.
MARION-T’as de la chance… tu rentres dans son jeu, tant mieux.
LAURA-Tu m’as l’air étrange… aigrie.
MARION-Oui c’est… pas grave.
LAURA-Ok… donc Tom ?
MARION-Oui alors laisse-moi le temps de m’en souvenir.

Dans l’appartement d’Elina, Marion essuye ses larmes.

BUREAU
Cathy semble stressée, ses mains bougent sans cesse. Son téléphone du bureau sonne et la fait sursauter.

CATHY-Allô ? Oui j’arrive, merci.

Elle prend sa veste et quitte la pièce.

Plus loin, elle frappe à la porte de sa supérieure. Elle prend sa respiration et entre.

 

APPARTEMENT DE FISH
Fish finit la vaisselle. Comme à son habitude, il aime éclabousser Lorraine quand elle lit sur le canapé. Mais là la blague ne la fait pas rire.

FISH-Je la fais trop souvent cette blague c’est ça ?
LORRAINE-Oui entre autre.
FISH-Ça va pas ?
LORRAINE(reposant son magazine sur ses genoux)-Qu’est-ce qui t’attirait chez Cathy ?
FISH-D’un coup comme ça, tu veux savoir ?
LORRAINE-Oui ça arrive aux filles quelque fois…
FISH-Ben… je te l’ai déjà dit, elle était là quand mon père est décédé et puis on s’entendait bien, elle est jolie, intelligente… une fille bien quoi.
LORRAINE-Ok… alors pourquoi tu as eu cette période où elle hantait tes pensées ?
FISH-Lorraine, c’est mon procès que tu fais ? C’est du passé ça.
LORRAINE-Un passé assez proche, tu t’es accroché à elle, pourquoi ?
FISH-Il y avait de l’amour, ce n’est pas parce que je n’avais plus besoin d’elle pour mon deuil que j’aurai dû la jeter !
LORRAINE-A la soirée la semaine dernière, j’ai vu tes regards.
FISH-Mes regards ?
LORRAINE-Tu l’as regardé comme un précieux, je suis même partie dix minutes un moment, j’avais l’impression de vous déranger. Tu n‘étais pas là pour la consoler de je-ne-sais-quoi en plus ! Elle piaillait pour une sombre histoire avec ce Tom bien pathétique en plus celui-là.
FISH-Non attend là, je pige pas trop pourquoi d’un coup tu me poses ce genre de questions ?
LORRAINE-Ca m’est revenu… et cette histoire d’appartement, tu sembles pas très emballé.
FISH-C’est des détails tout ça.
LORRAINE-Pas pour une fille.
FISH-Mais t’en es pas… enfin tu m’as compris.
LORRAINE-J’essaye justement.

Elle retourne à son magazine, Fish, impuissant, disparait de la pièce.

 

MAGASIN
Tom flâne dans les rayons, il est au téléphone.

TOM-Marion, t’es où ?
MARION-Chez moi…
TOM-Tu veux pas qu’on se voit ? Je m’ennuie et j’ai pensé à toi.
MARION-Ce sera avec plaisir. J’arrive.
TOM-Je suis devant une grande statue, je sais pas trop.
MARION(souriant)-C’est devant chez moi, à tout’ !

Quand elle arrive, Tom l’accueille avec un sourire franc, elle, par contre, penche plutôt vers le sourire pincé.

TOM-Ennuyons-nous ensemble.
MARION-Ça me fait plaisir que t’appelles. C’est le genre de journée qu’on doit pas passer seule.
TOM-On commence tout de suite par les reproches alors. Tu n’as pas prévenu si tu repassais chez Fish la dernière fois. Enfin rassure-toi, ça s’est terminé en eau de boudin.
MARION-Laura m’a dit ça.
TOM-Tu l’as vu quand ?
MARION-Elle m’a passé un coup de tél, comme ça… d’ailleurs… tu… tu es pas chez toi là ? Enfin j’veux dire, d’habitude tu sors pas.
TOM-J’ai libéré ma suite ce midi.
MARION-Oh… donc si on veut venir chez toi, c’est pas possible ?
TOM-Beh non, c’est quoi ces questions soudaines ?
MARION-Au cas où… Au cas où !
TOM-Je pars ce soir pour Barnett.
MARION-On s’y retrouvera alors.
TOM-T’as décidé de partir ? C’est bon ? Réglé ?
MARION-Tu vas être la première à le savoir mais… j’ai fait une grosse erreur.
TOM-Faut bien commencer.
MARION-En fait il y a quelques mois j’ai… j’ai voulu pister Doug pour savoir s’il m’aimait vraiment. Je te passe les détails mais je voulais savoir s’il tenait à moi et comme une gamine j’ai envoyé quelqu’un pour le draguer.
TOM-Oui…
MARION-Et je viens de découvrir que tout s’est pas passé comme prévu, à priori elle m’avait dit que tout allait bien mais là j’ai découvert que… qu’ils s’étaient revus alors que la… mission était finie tu vois ?
TOM-Je pige le truc, oui. Et donc ?
MARION-Elle revoit Doug et je l’ai appris… alors qu’il était là. J’ai retrouvé un ticket de resto où elle avait été aussi.
TOM-Ça ne veut pas dire que…
MARION-Crois-moi. J’ai vérifié.
TOM-Doug t’a répondu quoi ?
MARION-Il n’en a pas eu le temps, je l’ai giflé et je suis parti.
TOM-Radical. Je suis désolé.
MARION-Tu n’as pas à l’être. Enfin voilà, tout va pour le mieux… ça remet en cause tout un tas de choses.
TOM-Ton départ ?
MARION-Oui.
TOM-Pour résumer, tu es dans un appart d’une fille qui sort avec ton mec et tu devais partir avec lui pour sauver ton couple.
MARION-Voilà.
TOM-Je ne vais pas faire de philosophie ou de conseils à deux balles mais c’est peut-être l’occasion pour toi de tenter un nouveau départ. Toutes ces merdes sont là pour quelque chose.
MARION-Oui j’y ai pensé. Je vais retourner chez ma mère pour l’été… je vais avoir une grande discussion avec elle et on verra.
TOM-Et Doug ?
MARION-Je l’ai quitté violement mais je pense qu’on va devoir s’expliquer… et pas qu’avec lui. Putain, quand j’y repense… comment elle a pu me faire ça.
TOM-Si tu as besoin de quelque chose.
MARION-C’est gentil mais… dans des circonstances comme ça je vois pas.
TOM-Tu me tiens au courant.
MARION-Oui…

Le téléphone de Marion sonne.

MARION-C’est elle.
TOM-Décroche.
MARION-Oui ?
ELINA-C’est moi comment vas-tu ? Tu es où ?
MARION-En ville.
ELINA-Ok, on mange ensemble ?
MARION-Euh… oui ok.
ELINA-Je t’invite.
MARION-Tu veux pas qu’on se fasse livrer ? Je préfèrerais.
ELINA-Oui japonais je présume. A tout’

Elle raccroche et souffle un bon coup.

TOM-Tu préfères régler ça sur un terrain connu.
MARION-Oui je me vois mal faire une scène dans un resto. Bon désolé de te lâcher comme ça. Je te tiens au courant, souhaite moi bonne chance.
TOM-Bonne chance.
MARION-Ah oui pour ton truc là au fait, j’ai une idée d’objet hein, je te le donne dès que possible.
TOM-Ok, sympa.
MARION-Bises salut !

Elle disparait rapidement. Tom sort son portable.

COULOIR
Cathy discute avec un collègue. Son téléphone sonne.

CATHY-Oui ?
TOM-Salut.
CATHY-Tu veux quoi ?
TOM-Je te dérange ?
CATHY-Non.
TOM-Ok… c’est que tu as un ton un peu…
CATHY-Oui, c’est vrai.
TOM-Bon… je vais pas te déranger plus longtemps.
CATHY-Tu sais que tu es un idiot !? Comment j’ai pu te faire confiance à ce point  ?!
TOM-De quoi tu parles ?
CATHY-De la soirée chez Fish, tu as été…
TOM-Ouhla attends, je n’ai rien fait contre toi quand même je te rappelle. C’est toi qui as dit certaines choses.
CATHY-Et tu crois que je n’ai pas vu la réaction de Laura ? Tu crois que ça ne voulait pas dire quelque chose ? Pour une fois, Thomas, tire les conséquences de tout ça ! Sois ferme avec toi-même, te pose pas mille questions, prend une décision !
TOM-Une décision ? Du genre quoi ? Elle ou toi ?
CATHY-J’aurais pu te dire oui si j’avais cinq ans de moins mais là… ça n’a plus d’importance. Ça a atteint une certaine limite.
TOM-Je retourne à Barnett ce soir pour info.
CATHY-Bah vas-y.
TOM-Cathy, je m’en veux de toute cette histoire. Tu crois qu’il y a moyen d’arranger ?
CATHY-Merde Thomas trouve toi-même la réponse !

Elle lui raccroche au nez. Dans le couloir, Cathy a l’air remontée, un de ses collègues lui demande si tout va bien, elle répond affirmativement.
De son côté, Tom est un peu contrarié.

TOM(voix off)-Je me trouve pas dans ce cas là… je peux pas choisir entre les deux… c’est presque excitant ça mais… à entendre Cathy…

Il regarde son téléphone et compose le numéro de Laura. Un bon moyen de trouver une réponse ? Ou une manière déplacée de voir si de l’autre côté, l’herbe est plus verte ?

RUE
Laura cherche les noms des rues et tente de s’orienter. Son téléphone sonne.

LAURA-Salut !
TOM-Ah c’est déjà mieux ce bonjour.
LAURA-Quoi ?
TOM-Non euh, ça va ?
LAURA-Oui merci.
TOM-Euh… ça va ? Enfin j’veux dire, tu fais quoi ? Les rattrapages se sont bien passés ?
LAURA-Oui, je suis contente.
TOM-Ok…
LAURA-Oui…
Silence.
TOM-Laura je suis…
LAURA(en même temps)-Je suis pas…
TOM-Désolé, tu voulais dire ?
LAURA-Non c’est pas grave. Et toi ?
TOM-Pas important non plus…
LAURA- Je suis un peu fatigué là je vais rentrer.
TOM-Ok.
LAURA-Tu fais quoi ?
TOM-Je sais pas… peut-être un ciné.
LAURA-Tu rentres pas chez toi ?
TOM-Non, mais enfin pourquoi tout le monde me demande ça ?
LAURA-Pour rien.
TOM-Et je n’y suis plus, j’ai vidé ma chambre ce matin.
LAURA-Ah bon ?
TOM-Oui, je passe l’été à Barnett, me ressourcer.
LAURA-Ok…
TOM-Au fait, tu as trouvé quelque chose à me filer pour mon idée ?
LAURA-Pas encore mais ça devrait venir.
TOM-Très bien.
LAURA-Rappelle-le moi sinon j’vais oublier… j’ai encore la tête dans mes cours.
TOM-Pas de problème.
LAURA-Bon… bonne journée.
TOM-Attends euh… à priori, tu m’en veux pas pour la dernière fois ?
LAURA-Chez Fish ? Non t’inquiète, c’est… on a tous oublié, ça arrive à tout le monde de s’engueuler et puis on est jeunes, on s’en sortira.
TOM-Oui…
LAURA-Bon, salut.
TOM-Salut…

Tom raccroche, range son téléphone dans sa poche et reste un temps pensif. Il soupire. De son côté, Laura laisse échapper un petit juron tout en revenant sur ses pas.

APPARTEMENT D’ELINA

Marion entre délicatement, elle tente non pas de passer inaperçu mais de ne pas avoir Elina qui lui saute dessus et de ne pas pouvoir avoir la parole.
D’ailleurs, elle apparait dans la cuisine.

ELINA-Tiens !
MARION-Salut. Tu as commandé ?
ELINA-Oui, je te raconte pas le mec au tél…
MARION(la coupant)-Elina, je dois te demander quelque chose.
ELINA-Hum, j’aime pas ce ton.
MARION-Oui il vaut mieux qu’on s’assoit.
ELINA-Ok…
MARION-J’ai… découvert quelque chose qui… me fait poser beaucoup de questions. Et toi seule as les réponses.
ELINA-Oui, ça fait peur.

Elle rit. Mais devant la mine impassible de Marion, elle reprend une expression presque souciante.

MARION-As-tu oui ou non revu Doug ces derniers temps ?
ELINA-Doug ? Ces derniers temps c'est-à-dire ?
MARION-Répond s’il te plait.
ELINA-Oui.
MARION-Est-ce que c’était pour ta « mission » ?
ELINA-Oui.
MARION-Tu es sûre ?
ELINA-Mais bien sûr enfin. Je ne te l’ai pas dit mais j’ai continué un peu.
MARION-Et tu trouves ça normal ?
ELINA-Je dois dire que…
MARION-Elina !
ELINA-Non c’est pas normal !
MARION-Tu ne me dis pas tout.
ELINA-Marion, qu’est-ce qu’il y a ?
MARION-Sois franche avec moi ! Est-ce que tu vois Doug derrière mon dos ?

Elina ne répond pas. Elle baisse la tête comme coupable.

ELINA-Enfin je ferais pas ça à une amie quand même ?

On frappe à la porte. Marion ne bouge pas, elle est encore remontée. Elina s’excuse et va ouvrir. Doug est là.

ELINA-Doug ?

Marion entend suffisamment ce prénom et arrive.

MARION-Qu’est-ce que tu fous là ?
DOUG-Marion ?

Marion gifle Elina et repart dans le salon.
Doug entre de suite et se dirige vers Marion.

MARION-Ne m’approche pas !

Elle tombe en sanglots. Elina réapparait, la mine déconfite.

DOUG-Je suis venu ici comme j’ai pu, je veux te parler.
MARION-Me dire quoi ?
DOUG-Parler, tu es parti en colère, je… (il se tourne vers Elina) Désolé pour la claque, je sais pas pourquoi elle vous a fait ça.
MARION-Quoi ? Attend, tu vas pas me dire que tu ne la connais pas ?
DOUG-Bah… non enfin.

Marion s’énerve encore plus, elle s’acharne sur Doug qui prend quelques coups. Doug la maitrise comme il peut.

MARION(hurlant)-Pourquoi tu me fais ça !? Pourquoi putain !
DOUG-Marion, explique-moi !
ELINA-Doug, c’est bon lâche-la.

Doug obéit, Marion se calme.

ELINA-Doug, elle sait que tu me connais.
DOUG-Co… comment ?
ELINA-Marion ?
MARION-Elina est une amie, je lui ai demandé de te draguer pour savoir si tu tenais à moi et a priori tu ne t’ennuyais pas du tout !
DOUG-Elina ?
ELINA-C’est mon vrai prénom. Abigaël était mon nom d’emprunt…
DOUG-Putain… Marion, on peut parler ?
MARION-Vous vous êtes vus souvent hein ? Là tu te déplaçais !
DOUG-Il s’est rien passé.
MARION-Mon œil, c’est pas son genre.
ELINA-Pardon ? Attend, j’ai accepté ton deal hein, je n’ai rien fait de plus.
MARION-C’était temporaire !
ELINA-Oui…
DOUG-Je… je vous suis plus, tout était un jeu ?
ELINA-Au début.

A ces mots, Marion éclate encore en sanglots.

DOUG-Mais enfin tu étais dans la confidence des deux côtés et tu…
ELINA-Doug, j’ai merdé !
DOUG-Sûr !
MARION-Il n’y a pas qu’elle… sale ordure ! Dégage ! Je veux plus voir ta gueule !
DOUG-Elina, fais quelque chose.
ELINA-Je suis aussi mal placé que toi.

Marion se dirige vers la chambre de son amie avec fureur. Elle défait les draps, cherche dans les tiroirs.

MARION-Vous l’avez fait là hein ? C’était bien ? C’est mieux qu’avec moi ?
DOUG-Marion…
MARION-Vous allez dégager tous les deux ! Et encore ! Non, vous seriez capable de… on va se calmer… je vais prendre mes affaires, les foutre dans ta voiture Doug et tu vas me ramener chez moi. Est-ce qu’on est bien d’accord ?
DOUG-Oui… Bien sûr.

Elle ressort de la chambre, Elina veut la retenir, mais une autre gifle vient sceller l’échange.

MARION-Je ne pensais pas que derrière chacun de tes sourires se cachait une pétasse dans ton genre. Si tu as une once de respect, laisse moi terminer tout ça… je laisserai la clé dans ta boite à lettres.

Elina remet ses cheveux secoués par la gifle. Elle sort de la pièce puis de l’appartement.

MARION-Doug, tu feras ce que tu veux après mais ne va pas la voir. J’ai besoin de toi maintenant. Ce sera la dernière fois.
DOUG-Marion, on pe…
MARION-On ne peut rien du tout.

Le ton sec de la jeune fille laisse Doug désemparé. Mais il s’exécute.

COULOIR

Cathy est à la photocopieuse. Elle imprime différents papiers mais son attention est ailleurs. Comme prise par des pensées omniprésentes, elle oublie qu’une collègue attend son tour. Elle revient à elle quand on lui tend son tas de feuilles. Elle s’excuse, piétine un peu et se décide enfin à rejoindre son bureau.

Assise sur son fauteuil, elle est seule dans la pièce. Sa supérieure se permet quelques congés, et lui laisse la paperasse. Elle se lève, se dirige vers le second bureau. Sa main caresse l’écran d’ordinateur, puis le porte crayon, puis le sous main… rien de ce qu’elle n’a pas mais une sorte d’aura provient des objets. Elle finit par s’asseoir sur le siège en cuir.

CATHY-Mademoiselle Catherine Galler, secrétaire juridique et assistante en droit des affaires… bonjour, asseyez-vous…

Son regard se perd à nouveau. Elle fait tourner le siège et se retrouve devant la fenêtre. Elle voit la rue.

CATHY-Cathy Galler, étudiante en seconde année de droit… future… future secrétaire… administrative… en droit… de la connerie.

Elle se lève et rejoint son bureau.
Une simple réponse et Cathy deviendra ce qu’elle n’a jamais été, et ne sera plus ce qu’elle aimait être.

Elle prend son téléphone fixe, compose un numéro.
A peine a-t-elle dit « allô, c’est Cathy », qu’elle commence à pleurer.

CATHY-On peut se voir ?

APPARTEMENT DE FISH
Fish est sur son ordinateur, Lorraine est toujours dans le canapé mais elle regarde la télé.
Mallory arrive.

MALLORY-Eh bien… c’est un after sex ou alors vous vous emmerdez vraiment ?

Silence.

MALLORY-Je vous ai vexé ?
LORRAINE-Mallory, dis à ton demi-frère que j’aimerai qu’il vienne ici près de moi et qu’on discute.
MALLORY-Non.
LORRAINE-Alors dégage de là.
MALLORY-Will ?
FISH-Oui bon quoi ? On va pas reparler de ça !
MALLORY-Je tombe mal.
FISH-Non justement, tu fais bien de te pointer. Est-ce que… tu crois qu’il est temps qu’on aille voir ailleurs si… la vie est mieux sans chacun de nous ?
MALLORY-En termes plus simples, est-ce qu’il est temps de se trouver une piaule chacun ? La réponse est oui. Je dors sur la béquille tous les soirs à vous entendre glousser.
FISH-N’exagère pas.
MALLORY-Je l’ai dit à Lorraine, c’est pas un mode de vie qui convient à un gars comme moi. Alors soit on est entre couilles, soit tu prends les tiennes et la fille avec.
LORRAINE-C’est assez bien résumé.
FISH-Vous êtes deux contre moi ?
MALLORY-En même temps… je ne sais pas comment tu peux résister à…

Il mime la suite de sa phrase. Lorraine a compris et lui jette son magazine.

LORRAINE-Tu le verras plus, profites-en.
FISH-Bon tu ne veux plus qu’on termine les études ?
LORRAINE-Ça nous mènera à rien… j’ai bien réfléchi.
FISH-Mallory, ça te gène pas plus que ça de partir ?
MALLORY-Ah mais je comptais garder celui-là !
FISH-Avec quoi ?
MALLORY-Je m’arrangerai…
FISH-Ça aurait été plus simple pour Lorraine et moi…
LORRAINE-Je t’ai dit que je voulais du changement !
FISH-On ne peut pas faire ce qu’on veut et ça n’enlève pas le problème de l’argent ? Tu en as ? Non.
LORRAINE-J’ai mes contacts, je peux être employée quand je veux.
FISH-Légalement ?
LORRAINE-Légalement.
FISH-Ok… alors on dira adieu à ses mûrs bientôt.
MALLORY-Je te préviens, je garde le canapé !

 

APPARTEMENT D’ELINA
Marion revient dans la pièce, Doug arrive avec un carton. Il le pose soudainement et plaque Marion contre le mur. Il l’embrasse avec fougue. Mais la jeune fille le repousse aussitôt et avec une rare violence.

MARION-Ne refais plus jamais ça !

CAFE
Cathy attend sans patience la personne invitée. Elle apparait enfin.

LAURA-Bonjour…

Le ton est distant et timide.

CATHY-Merci d’être venue, je savais pas qui appeler.
LAURA-Je vais pas te dire que c’est le bon choix mais si tu as besoin de quelqu’un…
CATHY-On entre ? Je te paye un café.
LAURA-Je bois pas de café, je suis pas encore un travailleur.

Cathy sourit.

A l’intérieur, ils se sont mis un peu à l’écart, à cette heure, les bars sont un peu vide. Ils sont près d’une baie vitrée. Le brouhaha de la ville est brusquement tué par le silence quasi religieux de l’endroit. Seul le tintement de la cuillère contre la tasse de Cathy rythme l’instant.

CATHY-Je ne vais pas répéter ce que j’ai dit au téléphone.
LAURA-Le message est passé.
CATHY-Alors venons-en au sujet… mais je te préviens je vais parler de moi pendant pas mal de temps…
LAURA-Pas de soucis.
CATHY-On m’a proposé un poste au cabinet comme tu le sais. Mais voilà d’un coup je me suis pris ça en pleine figure, j’ai repensé à la soirée chez Fish, à Tom, à toi et à cette année passée si vite.
LAURA-Tu rigoles j’ai eu l’impression qu’elle a duré des années !
CATHY-J’ai toujours avancé droit devant, on a tous été un jour ou l’autre freiné par quoique ce soit, moi jamais. C’est mon impression. Mais voilà qu’aujourd’hui je me dis que j’ai peut-être loupé des choses. Non pas ma jeunesse ou mon adolescence non mais j’ai peur de ne plus me souvenir… de ne plus avoir cette sensation le matin d’avoir oublié un devoir… je sais qu’avec ce boulot je vais devoir avoir à faire avec une certaine routine… aucun grand impératif de travail à rendre pour telle date… je n’aurai plus cette sensation à 18 heures de me dire que demain est un nouveau jour. Quand tu bosses tu te dis pas ça, les relations sont si stables et strictes… Au lycée, à la fac tu pouvais chaque jour découvrir quelque chose ou quelqu’un… Là pas de profs absents, pas de « aujourd’hui je quitte à 16 heures » non ici ce sont des nouvelles règles. Tu te rends compte que pour la première fois de ma vie peut-être, je suis en plein doute ? Et je ne t’ai pas appelé pour que tu me donnes une réponse car si c’est la mauvaise, je t’en voudrais à vie. (elles rient) Non je veux me décharger, je veux parler et parler car, bordel de merde, cette année j’ai pas eu l’occasion de beaucoup l’ouvrir !
LAURA-Ça fait un bien fou non ?
CATHY-Oui !
LAURA-Mais là tu ne t’énerves pas et surtout tu ne dis rien qui prête à polémique. Tu parles simplement de toi et quelques fois ça fait du bien c’est clair.
CATHY-Mais pas de la façon nombriliste de Tom j’espère ?
LAURA-Nop, d’une façon à la Cathy. Tu sais, on a tous nos doutes, même si je doute que tous ces gens qu’on voit passer là sur le trottoir se posent toutes ces questions, ils doivent avancer droit devant, ils s’en fichent, ça tombe ils se détruisent, ils s’en foutent. Peut-être que lui là-bas se demande s’il va conclure avec la blonde, que lui à côté s’inquiète plus de sa voiture qui est au garage que de la santé de son fils. On a tous nos priorités dans notre petite tête. Tom, les siennes, c’est peut-être la façon dont il va dire bonjour plutôt que le devoir qu’il va rendre. Pour toi il faut définir tes priorités, soit tu veux continuer ton chemin et réussir professionnellement sans te soucier d’autre chose, soit tu te réussis professionnellement en sachant que tu vas te soucier de bien d’autres choses.
CATHY-En gros, quoique je fasse je serai forcément déçue ?
LAURA-Non, soucieuse. La vie professionnelle amène à l’épanouissement personnel, mais l’inverse c’est rarement le cas. Et puis il faut bien commencer à bosser un jour non ?
CATHY-Hélas…
LAURA-Tu dis ça mais avoir un salaire à la fin du mois c’est gratifiant, on est pas payé à rien faire.
CATHY-Hélas.
LAURA-Tu es démotivée ?
CATHY-Si je rate ce coche, j’aurai du mal à rebondir.
LAURA-On se dit tous ça, ne t’inquiète pas. Et regarde encore tous ces gens dehors, ils sont pour la plupart triste de ce que leur vie est devenue mais ils savent qu’il n’y a pas d’autres moyens.
CATHY-C’est triste ce que tu dis.
LAURA-Tom te dirait que c’est la vie. Mais si le boulot ne t’intéresse pas, pourquoi te bosser ces questions ?
CATHY-Car je n’aurai peut-être pas d’autres opportunités.
LAURA-Cathy, tu as encore le temps de te poser les bonnes questions. Donne-toi cinq ans pour te fixer un but !
CATHY-Et si…
LAURA(la coupant)-Et ne dis pas « et si tu loupais tout » ! Tu considères qu’il est trop tôt pour toi, mais tu découvriras après qu’il est déjà trop tard.
CATHY-Je n’ai même pas passé mes rattrapages, je peux encore limiter les dégâts si je m’y prends assez vite.
LAURA-Tu sais peut-être que ça te ferait du bien de refaire une année. Faut penser aussi que les côtés négatifs ont du bon. Tu auras moins de cours à suivre, donc plus de temps, donc plus de liberté, donc plus de possibilités. On a tous un joker, Cathy.
CATHY-Et puis c’est l’été, ça me ferait peut-être du bien de le passer à faire autre chose.
LAURA-Tu oublieras vite tes habitudes ma petite. Tu tombes dans la bonne période, l’été est une bonne période pour bosser. Il y a une atmosphère étrange.
CATHY-Tu veux ma place on dirait.
LAURA-Oh tu sais je suis dans le même cas que toi. Mais en te parlant, ça m’a aussi éveillé des choses.
CATHY-Ça fait du bien de parler…
LAURA-On se sent utile.
CATHY-Tu sais Tom n’es…
LAURA(la coupant)-Affaire bouclée.
CATHY-Tu m’as dit que tu ne lui en voulais pas.
LAURA-Peut-être que ça venait de moi après tout. On a tous nos défauts et notre part de responsabilité.
CATHY-Je n’ai rien fait.
LAURA-Je le sais.
CATHY-en tout cas cette Lorraine est une belle pétasse.
LAURA-Non pas tant que ça. En fait tu sais c’est surtout une compétition entre vraies blondes.
CATHY-Mais ça ne me choque pas plus que ça que Will lui trouve de l’intérêt.
LAURA-La famille Fisher n’a pas à se plaindre, elle a réussi à séduire une Wakefield.
CATHY-Tu as couché avec Mallory ?
LAURA-Non… j’allais dire « et toi » mais…
CATHY-Tu aurais voulu ?
LAURA-J’avais aucune pulsion.
CATHY-Ok…
LAURA-C’est moi ou tu n’as pas été secouée depuis un bon moment ma fille ?
CATHY-Quoi ?
LAURA-La dernière fois que tu as pris ton pied, c’était quand ?
CATHY-Laura !
LAURA-Cathy ?
CATHY-Ça fait… un bon moment.
LAURA-Autant moi je ne sais pas ce que ça fait de pas l’avoir fait pendant un certain temps autant toi ça doit te travailler.
CATHY-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
LAURA-euh… aucune idée.
CATHY-Et toi alors tu te décides quand ?

Elles rient.
Silence.
Laura regarde les gens passer, Cathy finit son café.

CATHY-On ne lui demande pas de choisir, de notre coté, on ne veut pas de lui car c’est lui et lui il ne veut pas de nous mais il n’a que nous.

Laura est surprise par cette phrase venue d’ailleurs.

LAURA-Tu parles de Tom ?
CATHY-Oui.
LAURA-Je ne veux pas savoir si tu étais intéressé un temps soit peu par lui mais c’était assez vicieux de s’être intéressé comme ça à… nous.
CATHY-Il changera jamais de toute façon.
LAURA-Oui mais je pense pas qu’il s’attache à moi jusqu’à plus soif quand même.
CATHY-Quand on y repense, il y a toujours quelque chose de plus en plus important entre nous deux qui nous a séparé. Ne plus être dans la même classe, l’intimité, et là un ami…
LAURA-Ne plus être dans la même classe n’était pas le déclencheur… il y a eu quelques petits anges blanc ou bleu qui m’ont accompagné si tu vois ce que je veux dire.
CATHY-Ces souvenirs ne s’effaceront pas.
LAURA-Alors tu vois…
CATHY-Ce ne sont pas les plus beaux.
LAURA-Tu les oublieras vite, il faut de la place pour les souvenirs de mariage, de naissance…
CATHY-Et si tu devenais ma colocataire ?
LAURA-Pardon ?
CATHY-C’est une proposition hein ? Mais… ce serait, je pense, pas mal si on s’offrait la possibilité de vivre de nouvelles choses toutes les deux. Je connais que toi dans cette grande ville.
LAURA-Je… je sais pas c’est soudain quand même.
CATHY-Je te presse absolument pas, je te laisse tout l’été si tu veux !
LAURA-Oui, non c’est pas le souci mais… je pars à l’étranger cet été me changer les idées, on verra où on en sera à ce moment-là.
CATHY-Bien-sûr.
LAURA-C’est… c’est très sympa de ta part. Ce serait génial.
CATHY- Ca le serait.

Cathy regarde sa montre.

CATHY-Bon j’ai dit que j’allais prendre l’air à mes collègues, ils vont trouver ça louche.
LAURA-Tu dis que ta pause cigarette était plus longue que d’habitude.
CATHY-C’est crédible…
LAURA-Allez file !
CATHY-On se téléphone avant que tu partes ?
LAURA-Oui pas de soucis.
CATHY-Je redescends à Barnett quelques temps, tu seras dispo ?
LAURA-Je pars dans deux jours.
CATHY-Ce fut rapide.
LAURA-J’aime l’urgence… et les Etats-Unis.
CATHY-Les States ?
LAURA-On se refuse rien.

Cathy se lève, embrasse Laura et quitte le café. Laura est restée assise, elle fait signe à Cathy qui apparait derrière la vitre. Laura sourit. Elle se sent bien.

CINEMA
Tom sort du multiplex, il est presque le seul à sortir seul. Le film ne lui a pas laissé un souvenir impérissable. Il regarde sa montre. Il traine les pieds sur le trottoir.
La journée tire peu à peu sa révérence, la foule augmente de volume de minute en minute.

APPARTEMENT D’ELINA
Marion reste assise sur le canapé. Doug est dans la partie cuisine. Il la regarde.

DOUG-C’est… quand tu veux.
MARION-Minute.

APPARTEMENT DE FISH
Mallory s’apprête à partir travailler, avant de quitter la pièce il regarde d’un drôle d’œil Fish et Lorraine assis sur le canapé en train de regarder la télé.
Il claque la porte.

LORRAINE-On commence à faire les cartons ?
FISH-Casse-burne…
LORRAINE-J’ai bien envie de quelque chose…
FISH-Oui j’ai faim.
LORRAINE-Je pensais à autre chose mais… ma foi on peut faire une soirée best-of.
FISH-J’aime quand tu fais la femme de maison.
LORRAINE-Oui mais pas trop de ça chez moi. J’vais faire quelques courses alors. Toi tu prépares la table et… ce à quoi je pense.

Elle se lève, laissant Fish amorphe sur le canapé.

GARE DE St AMSON
Tom est assis sur un banc, des centaines de voyageurs se pressent ou attendent. Il regarde son billet, puis l’horloge immense placé à la vue de tous au dessus du tableau des départs. Son train est annoncé dans dix minutes, il se lève et suit le mouvement créé par les autres futurs passagers.

CENTRE VILLE
La ville arbore ses lumières histoire de concurrencer celles des véhicules. Parmi eux, Doug tente de garder son calme dans les petits embouteillages. Marion a la tête contre la vitre.

DOUG-Tu pouvais pas prendre le train, ça irait plus vite pour toi.
MARION-Tu pouvais pas garder ton caleçon sur toi et fermer ta gueule ?

GARE DE St AMSON
Tom monte dans le premier wagon. Les places sont pour la plupart vide. Il prend une dans le sens de la marche, près de la fenêtre.
Il s’assoit, soupire et sort son baladeur. Son téléphone sonne. C’est Cathy. Il décroche avec appréhension.

TOM-Oui ?
CATHY-C’est moi, tu es parti ?
TOM-Je suis dans le train.
CATHY-Je suis à la gare, j’arrive.

Elle raccroche. Tom est surpris, il se lève du fauteuil et se met à la porte du wagon. IL regarde à droite puis à gauche, il voit Cathy apparaitre. Il descend les quelque marches lentement.
Cathy arrive un peu essoufflée.

CATHY-Je pensais que tu avais pris un train plus tôt…
TOM-Je suis allé au ciné…
CATHY-Ecoute, je veux pas d’histoire, je suis juste là pour te donner ce que tu ‘mas demandé. J’ai bien réfléchi et…

Elle souffle un grand coup et présente un petit paquet à Tom.

TOM-Qu’est-ce que c’est ?
CATHY-Ton anniversaire est dans deux mois mais c’est pas pour ça… c’est ce que tu m’as demandé pour ton idée de boite à souvenirs.

Tom sourit subitement, il n’est plus surpris mais étonné.

TOM-Je pensais que tu allais oublier.
CATHY-Je vais le faire, la surprise sera meilleure d’ici là. Mais non je n’avais pas oublié.
TOM-Merci. C’est quoi ?
CATHY-Là, tu dois me promettre de pas regarder, tu la mettras dans la boite et on verra le moment venu.
TOM-Merci… ça me fait plaisir.
CATHY-Alors ça me fait plaisir aussi.

L’annonce du départ imminent du train se fait entendre.

CATHY-Je vais à Barnett en fin de semaine donc si à l’occasion…
TOM/CATHY-J’attendrai ton appel.

La phrase dite en même temps clôt la conversation. Ils sourient. Tom montre dans le train, Cathy patiente un peu. Elle voit Tom parcourir le wagon.
Il s’assoit, regarde la boite et la pose sur sa tablette. Les portes se ferment.

CATHY-J’ai accepté le poste Thomas !

Elle a haussé la voix pour que Tom puisse entendre. Il se tourne vers Cathy. Le train commence à avancer. Tom fait un signe de la main.

CENTRE VILLE
Laura est devant une vitrine d’agence de voyages. Elle voit quelques photos des Etats-Unis. Son regard ne trahit pas son envie.

Quelque part sur la route, la voiture de Doug s’apprête à prendre la route principale vers Barnett.

APPARTEMENT DE FISH
Le jeune homme range quelques ustensiles de cuisine. On sonne à la porte. Il va ouvrir. C’est Cathy.

CATHY-Salut.
FISH-Salut Cath’.
CATHY-T’es tout seul ?
FISH-Oui…

La jeune femme ne le laisse pas finir et l’embrasse délicatement.
Après ce doux baiser, Fish la regarde sans rien dire. Il referme la porte, ferme à clé et s’attarde sur la jeune femme. Les regards s’échangent et la folie les envahit.

Le canapé devient le lieu de figures inachevées, de souffles coupés et de gémissements soudains.

Elle parviendra à sortir avant le retour de Lorraine.

Deux semaines plus tard.

MAISON DES WHITMAN

Le réveil sort Tom d’un sommeil profond. La radio passe les dernières notes d’un de ses hits rock de la saison dernière. L’animateur ouvre les infos du jour, le 20 juillet 2004.
Tom descend dans sa cuisine, la maison est vide, il prépare son petit déjeuner.
Il regarde son portable, aucun message ou appel. Il est à peine 10h30, Tom ne boit qu’un demi-bol de chocolat.
De retour dans sa chambre, il allume son ordinateur. Le temps que tout soit opérationnel, il ouvre les rideaux puis la fenêtre. La journée s’annonce radieuse. Il inspire l’air extérieur. Personne dans la rue. Personne chez les voisins. Un jour de semaine comme un autre, sauf pour lui, c’est celui de ses 19 ans.

TOM(voix off)-Je viens de me rendre compte de quelque chose… On est dans une partie de cartes. On est entouré de joueurs motivés. Au début on a une donne correcte, on tente quelques passes, on a un jeu efficace et puis on s’acharne et on perd les plus beaux atouts. On se retrouve avec une dette qu’on oubliera vite. Et une nouvelle partie recommencera, avec un nouveau jeu mais plus on avance dans cette partie, plus les joueurs en ont marre. Le temps joue alors en notre défaveur. Et tout recommence. Et puis il fa…

Son téléphone sonne. Un sourire apparait. C’est un numéro inconnu. Il décroche.

La conversation dure un moment, le temps que Tom prenne un stylo et un bout de papier trainant par là.
« RDV 15h Monsieur Rivena… » et une adresse illisible.

Il s’assoit à son bureau. Il sourit toujours, à priori, tout s’annonce bien pour lui. Il ouvre sa boite mails, des demi-douzaines de mails souhaitant un bon anniversaire mais tous venant de mailing lists ou de sites. Il parvient quand-même à déceler un mail personnel venant d’une mar-lo@hotmail.fr.

« Coucou Tom ! Alors comme ça on en a fini avec ses 18 ans ? Bon Anniversaire quand même ! Ici ça va, je vais voir des copines aujourd’hui. Je t’appelle si t’es en ville. Pas de nouvelles de Doug. Bisous. Ta Coupine Marion »

Tom n’a que ce mail directement visé. Il lance son logiciel de musique et monte le son. IL est prêt à se reposer en pleine séance de guitares énervées.

CABINET DE ST AMSON
Cathy est à sa pause déjeuner, du moins c’est ce qu’on en conclut à la vue d’un plant réchauffé à demi fini sur la table du bureau. Elle croque dans une pomme bien verte tout en feuilletant un dossier.
CATHY(marmonnant)-… alors ce truc c’est bon… là la bonne femme devra payer… avant le… 12 et on est le… 20. Ok…

Elle relève la tête. Elle semble chercher aux tréfonds de sa mémoire une donnée perdue.
Elle oublie et se remet à son dossier.

BARNETT
CENTRE VILLE

Tom descend du bus. Il commence à marcher sur le trottoir. C’est rare qu’il aille en ville seul comme ça mais comme Marion doit l’appeler, il en profite. D’ailleurs au premier magasin qu’il croise, il aperçoit Marion au fin fond qui tient un cintre. Il sourit mais ne rentre pas. Il patiente un petit peu et se rappelant qu’une fille dans un magasin de fringues dure aussi longtemps qu’un film grec, il décide d’entrer. Il se faufile entre les allées, percute une grosse dame, ne s’excuse pas et garde en ligne de mire la jeune femme.

TOM-Si c’est un 38, tu ne rentreras pas dedans.

Elle se retourne et est agréablement surprise.

MARION-Ah Tom, salut ! Qu’est-ce que tu fais là ?
TOM-J’étais impatient d’avoir ton coup de fil… mais je vois que tu toute seule.
MARION-Moui… contre-temps.. collectif. Enfin ça fait plaisir de te voir, tu me tiens ça, ça et ça. Et tu me dis si ça, ça me va, ok ?

Tom a les bras chargés de vêtements.

TOM-Tu sais que tu es cliché comme nana ?

Plus tard, sortis des magasins, un sac pour elle, deux pour lui, Marion emmène Tom dans un café.

A la table, les sacs posés sur le siège voisin de Marion, ils se font face, un soda pour chacun.

TOM-Tu sais que j’ai rendez-vous à 15 heures.
MARION-J’ai pas oublié. Mais franchement tu aurais pu tenter la chemise.
TOM-Non c’est juste pour donner des papiers tu sais.
MARION-J’ai toujours trouvé ça idiot de bien s’habiller pour un entretien genre chemise blanche alors qu’au final on ne portera rien de tout ça derrière son bureau.
TOM-Ou sa caisse…
MARION-Un vendeur n’est pas derrière sa caisse.
TOM-Ah ?
MARION-Tu sais au moins pour quel poste tu vas être employé ?
TOM-Doug bosse toujours dans la même ?
MARION-A priori. Et moi dans aucune.
TOM-Ca devrait aller.
MARION-Chaque matin, je me dis que ça va aller, et puis chaque midi je me dis que je vais prendre la journée pour décompresser, et le soir je me dis : demain je m’active. Et rebelote.
TOM-Et un jour, on se réveille et on est employé.
MARION-Si je réussis comme Cathy, ce sera déjà ça !
TOM-En parlant d’elle, elle ne m’a jamais rappelé. Elle avait sûrement la tête ailleurs… m’enfin quand on revient à Barnett il n’y a pas mille choses qui vous reviennent.
MARION-Et toi tu ne l’as pas appelé.
TOM-Non…
MARION-Ah…
TOM-Je vais y aller. On se revoit après ?
MARION-Je pense pas, j’ai des choses à faire.
TOM-Ok…
MARION-En tout cas, ça m’a fait plaisir. Tu me diras pour le boulot.
TOM-Pas de soucis.
MARION-mais avant que tu partes… j’ai quelque chose pour toi.

Elle ouvre son sac à main et en sort deux petits paquets.

MARION-Le premier est pour ta boîte à souvenirs, le second est pour tes 19 ans.
TOM-C’est génial que tu y es pensé.
MARION-A ton anniversaire ?
TOM-A vrai dire je pensais à la boite.
MARION-Je te dis pas ce que c’est.
TOM-Je ne l’ouvrirai pas.
MARION-T’as prévu une date ?
TOM-Non. Ça sera plus excitant. Par contre j’en ai prévue une pour l’autre.

Il l’ouvre de suite et se retrouve avec un livre d’un auteur inconnu.

MARION-Le résumé m’a plu. C’est un gars qui se pose trop de questions.
TOM-Merci… en espérant qu’il y a quand même les réponses dedans… Merci Marion.
MARION-C’est normal.
TOM-Bon, je file. Encore merci et on se tient au courant.

Il quitte le café, il fait un dernier signe à travers la vitre pour Marion.

Il est minuit quand, dans la chambre de Tom, celui-ci range une certaine boite en haut de son armoire. Il enlève son pull, le pose sur sa chaise, ouvre son armoire et en sort une chemise blanche. Il la regarde avec intérêt puis sourit. Il la pose aussi sur la chaise et se dirige vers son lit.
Il regarde son téléphone pour savoir l’heure ou simplement pour vérifier les messages. Il y en a un : « Bon Anniv’ quand même. C. ». Il sourit.
Il se met sur le dos, scrute le plafond et ferme les yeux.

FILLE-Et alors ?
TOM-Et bien aucun n’a rappelé l’autre… et ça fait des années que ça dure. On ne sait plus qui doit faire le premier pas.

Tom est assis dans une sorte de cafétéria. Il a un uniforme de magasin.

TOM- Ça ne s’est pas passé exactement comme ça mais… c’est ainsi que je l’imagine… et que je m’en souviendrai… Les personnes ne changent pas, c’est la vie qui suit son cours. Tout ce qui est arrivé c’était pas de l’amitié… mais plutôt la fin d’une amitié.

Il se tourne vers une fille assise face à lui, habillée pareil, une collègue.

FILLE-Tout ça n’a rien d’exceptionnel.
TOM-C’est ça qui était intéressant.
FILLE-Tu te compliques la vie.
TOM-Je suis conscient de ma position dans toute cette histoire, je t’assure. Mais tu m’as écouté, ça m’a fait plaisir.
FILLE-Oui, on tente toujours de se mettre le beau rôle.
TOM-C’est pas ma volonté justement.
FILLE-Mouais… bon j’y retourne.

Elle se lève et laisse Tom seule dans la pièce. Il tapote ses doigts sur la table.
Ce n’est pas la première fois et sûrement pas la dernière que Tom se dévoile ainsi. Il cherche encore et toujours une oreille attentive, pour que ni lui, ni les autres ne s’oublient, pour que l’amitié ne soit pas toujours liée au passé, pour que la vie ne soit pas celle d’avant, pour que les souvenirs ne soient plus lointains.
Comme toujours.

*